Au coeur de l’actualité en visitant la DMZ

Ce ne fut pas la partie la plus marrante de notre séjour en Corée du Sud, cependant il s’agit bien d’une des plus intéressantes puisque malheureusement toujours d’actualité. C’est pour cette raison que nous avons choisi de suivre un tour organisé pour découvrir la Zone DéMilitarisée.

La situation unique de la Corée

korean_war_1950-1953
Par RokeTravail personnel, CC BY-SA 3.0, Lien

Un petit récapitulatif sur la situation du pays me parait nécessaire pour bien appréhender cette visite (et cet article probablement). Ne vous inquiétez pas, ce sont juste les grandes lignes, et si vous voulez plus d’informations, nul doute qu’internet ou une bonne encyclopédie (à l’ancienne !) feront l’affaire.

La Corée du Sud (ou République de Corée) est le seul pays (hors îles) coupé du monde, accessible uniquement par les mers et les airs. Seule frontière terrestre : la Corée du Nord (ou République populaire démocratique de Corée).

A la suite de la Seconde Guerre Mondiale, le pays jusqu’alors occupé par le Japon, est scindé en deux par les victorieux : au Nord les Communistes, au Sud les Occidentaux. Mais l’un a souhaitant prendre le pas sur l’autre, la Guerre de Corée voit le jour en 1950. Le Nord conquérant le Sud presque globalement, il ne restait plus que les environs de Busan au Sud. Puis les Nations Unis ont permis au Sud de reprendre du terrain, jusqu’à ce que la Chine n’arrive, et ainsi de suite jusqu’en 1953, lors de la signature d’un pacte de non-agresion. Le gif ci-joint explique bien ces allers et venues.

Depuis, les deux pays sont encore officiellement en guerre, on entend d’ailleurs régulièrement à la télé des menaces ou actions menées. Cependant la frontière est stable depuis lors, mais pas sure pour autant. Il y a d’ailleurs 2km de no mans land de chaque côté de cette ligne, créant une zone démilitarisée de 4km : un véritable refuge pour la faune et la flore ! Le comble ? Entre les postes militaires, les soldats, les clôtures et les mines, cette zone démilitarisée (DMZ pour DeMilitarized Zone) est en fait la frontière la plus militarisée du monde.    

Et ça se visite ?!!

C’est la réaction la plus courante de mes proches, avec « C’est pas dangereux ? ». C’est vrai dans le fond, qu’elle idée que d’aller en zone de guerre… Mais pas de panique, votre guide et l’armée veillent. Parce que oui, ça se visite, mais c’est pas du libre-service (et tout ne se prend pas en photo) ! Il faut donc se joindre à un groupe et s’y rendre avec une agence spécialisée. Nombre d’agences le proposent à Séoul, cependant pensez à réserver à l’avance ! Nous l’avions fait et le bus au final était complet. De plus, plusieurs sites sont à découvrir, nous avons fait le choix d’un tour complet, avec tous les sites inclus. Bien que le coût soit un peu élevé, nous ne le regrettons nullement !

Nous sommes passés par Koridoor qui travaille depuis 2010 avec l’USO US army (United Service Organizations), qui fourni services et divertissements aux militaires par le biais de contributions (dons ou services tels tels que notre visite). D’ailleurs nombre de participants étaient des militaires !

Observatoire Dorasan, DMZ, Corée
Vue sur la Corée du Nord depuis l’observatoire Dorasan

Compagnie : Koridoor
Site : www.koridoor.co.kr
Adresse : Camp Kim, USO #104, Galwol-dong, Yongsan-gu, Seoul
Tarif : 96 000 ₩ (77 €) ; prévoir en supplément 10 000 ₩ pour le déjeuner et 1 250 ₩ pour mieux profiter de Dorasan (observatoire et gare)
Programme de la journée : JSA, Gare Dorasan, Observatoire Dorasan et le 3ème tunnel d’infiltration

Prise en charge par l’armée à la JSA

Notre guide parlait bien Anglais et a été très agréable toute la visite, agréable et réaliste pourrait-on même dire ! Elle nous a cependant laissés entre les mains de l’armée américaine pour notre premier arrêt : la JSA. Malheureusement pour nous, notre militaire « attitré » ne semblait pas très à l’aise dans son rôle de guide et parlait un Américain… machouillé. En gros, on n’a pas compris grand chose à ce qu’il racontait… La JSA, ou Joint Security Area (Zone Commune de Sécurité en Français), est à la frontière des deux Corée (dans la DMZ donc, si vous avez bien lu le point historique), mais contrôlée par l’ONU. C’est là que l’on est au plus proche de la Corée du Nord et de cette guerre froide, puisque c’est dans ces bâtiments même qu’ont lieu des négociations intercoréennes. Elle a été créée en 1953 après la signature de l’armistice par les deux Corée. Il s’y est passé de nombreux évènements depuis, et votre tour vous permettra d’en apprendre plus à ce sujet : Pont de non-retour, Axe murder (ou Incident du peuplier)…

JSA, DMZ, Corée
Entre les bâtiments bleu, au milieu, une démarcation en béton représente la frontière entre Corée du Sud et Corée du Nord
JSA, DMZ, Corée
Soldat sud-coréen

Notre visite de la JSA s’est malheureusement arrêtée là pour des raisons de sécurité, mais il semblerait que d’autres lieux puissent être découverts… Ma compréhension de notre guide ne me permet pas de vous en dire plus à ce sujet.. C’est bien frustrant !

Se tourner vers l’avenir à la Gare Dorasan

« Not the last station from the South But the first station toward the North »  

Dorasan station, DMZ, Corée
Gare Dorasan fraichement construite !

Si les choses allaient mieux et le trafic ferroviaire rouvert, alors les trains passeraient par cette gare, située à seulement 56km de Séoul, contre 205km de Pyeongyang. Bien qu’elle soit encore utilisée ci et là selon les accords entre les Corée, elle a plutôt une vocation touristique aujourd’hui, en attendant que la guerre ne prenne fin.

Dorasan station, DMZ, Corée
Direction le quai d’embarquement

Pour 1 000 ₩ supplémentaires, on a pu accéder aux quais d’où l’on entendait de la musique provenant de hauts-parleurs, au loin… Qui seraient en fait des chants propagandistes joués par le gouvernement nord-coréen afin d’attirer les sudistes. Il y a également un « wagon-musée » retraçant l’histoire de la gare.

Dorasan Station, DMZ, Corée
En espérant qu’un train passe prochainement…

Un point de vue sur la frontière et ses alentours

Passage ensuite à l’observatoire Dorasan (Dorasan Observatory) situé sur la colline Dora, avec donc un large panorama. J’avais lu qu’il n’était pas possible d’y prendre de photos, et d’ailleurs au sol une ligne jaune semble interdire les photos au-delà, mais finalement point de réelle interdiction, on nous laisse approcher armés de nos appareils. Là encore on dépense un peu plus : 250 ₩ afin de voir au loin à l’aide de jumelles et mieux voir ce que nous expliquait la guide. Postes de garde, villes fantômes propagandes, drapeaux sud et nord coréens jouant à qui aura le plus haut…

Observatoire Dorasan, DMZ, Corée
Arrivée à l’obersvatoire
Observatoire Dorasan, DMZ, Corée
Le paysage et les deux Corée

Et avec un peu de chance, des soldats parlant Anglais seront présents et prendront le temps de discuter ou prendre la pose avec vous !

Observatoire Dorasan, DMZ, Corée
L’armée veille tout le long de la DMZ !

La guerre froide se passe aussi sous terre : les tunnels d’infiltration

Ils seraient au nombre de 20, mais ça nul ne le sait réellement puisque seulement 4 ont été découverts. Découverts entre 1975 et 1990, ils sont creusés de 18 à 145m (!!!) de profondeur et ont vraisemblablement été creusés par la Corée du Nord en vue d’une invasion ou attaque surprise. Rappel que les choses ne sont pas finies et que malgré l’armistice, tout peut encore arriver.

2016-12-02-seoul-26-dmz-3eme-tunnel-dinfiltration

Le 3ème tunnel d’infiltration, long d’1.6km et creusé à 73m de profondeur, a été découvert en 1978 : un soldat nord-coréen fui le régime communiste et informe la Corée du Sud qu’un tunnel est en cours de construction, mais ne connaît pas son emplacement exact. Il aura fallu trois années à la Corée du Sud pour finalement le trouver. Il s’agit du seul tunnel ouvert au public, en revanche les photos n’y sont pas autorisées, donc il vous faudra faire le déplacement pour le voir ! C’est probablement ce que nous avons préféré de cette journée : après une longue marche, on arrive dans le tunnel où il faut se baisser au risque de se cogner la tête (on a rapidement compris pourquoi le port de casque est obligatoire ! A coup de *chting* et de *boum*, attention à ne pas vous sonner !). On déambule alors à l’étroit dans le tunnel, en découvrant ci-et-à les traces provenant des bâtons de dynamite, mais aussi quelques traînées noires. Ces traînées auraient été laissées par les nord-coréens lorsqu’ils ont été pris la main dans le sac, afin de faire croire que le tunnel était en fait une mine de charbon. Et l’on marche ainsi jusqu’à un mur en béton, le premier de 3 qui marquent la fin de la partie sud du tunnel… Prévoyez de bonnes chaussures ! La montée pour sortir du tunnel est drue… De plus, si vous êtes claustrophobes, passez votre chemin !

2016-12-02-seoul-28-dmz-3eme-tunnel-dinfiltration
Un symbole d’unité

Une journée poignante et intéressante que l’on vous recommande vivement ! Bien qu’il faille aussi rester lucide et ressentir la « propagande » de la Corée du Sud et leurs discours qui les enjolive certainement.
Avez-vous déjà visite un lieu de ce genre ? Cela vous tente-t-il ou la peur vous freinerait ?

Tous mes articles sur la Corée du Sud :
Tour d’horizon… une semaine en Corée (du Sud !)
Au cœur de l’actualité en visitant la DMZ
Découverte de Busan, en bord de mer
Gyeongju, cœur historique de la Corée
Les sites historiques proches de Gyeongju
Les grands classiques de Séoul
A découvrir aussi à Séoul
Faut-il visiter Suwon ?

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